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Des chefs alertent sur les dangers de la fusion Monsanto-Bayer pour notre alimentation

Des chefs alertent sur les dangers de la fusion Monsanto-Bayer pour notre alimentation

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©atabula

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Par Jeanne Pouget

Publié le

Suite au rachat du géant américain Monsanto par la société pharmaceutique allemande Bayer, des dizaines de professionnels de la gastronomie française signent une lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans nos assiettes. 

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Le 14 septembre, le géant américain des pesticides et des semences OGM Monsanto annonçait son rachat par la société pharmaceutique et chimique allemande Bayer, pour 59 milliards d’euros. Une fusion dont l’impact sur notre quotidien reste encore flou mais qui ne laisse pas indifférents les professionnels de la restauration.

En effet, une centaine de chefs de cuisine et pâtissiers français parmi lesquels Michel et Sébastien Bras, Yannick Alléno, Maro Collagreco, Eric Guerin, Thierry Marx, Michel Guérard ou encore Christophe Michalak, signent une “lettre ouverte contre l’invasion de l’agrochimie dans nos assiettes” publiée ce 20 septembre sur le site d’actualité gastronomique Atabula. Ils y dénoncent la fusion entre Bayer et Monsanto, qui représente selon eux un danger, et exhortent les citoyens à une prise de conscience collective pour ne pas “se contenter de regarder la chimie remplir leurs assiettes.

Pour la défense de la biodiversité, le respect de l’environnement et la santé des consommateurs

Avec le rapprochement des sociétés Bayer et Monsanto, le groupe devrait détenir 30 % des semences à l’échelle mondiale. “On voit apparaître un énorme monstre qui maîtrise toute la chaîne agricole, de la semence à l’engrais et aux pesticides“, s’alarme le chef Olivier Roellinger dans une interview pour Télérama. “En contrôlant les semences, ces sociétés veulent s’approprier le vivant, tracer l’ensemble du végétal, le standardiser […]. Mais aucun groupe n’a le droit de s’approprier le garde-manger de l’humanité”, poursuit-il.

Un scénario qui n’est pas sans rappeler la catastrophe écologique et humaine causée par l’introduction du coton transgénique Bt en Inde dans les années 2000. Cette technologie, mise au point par Monsanto pour résister aux insectes, couvre près de 90% des surfaces dédiées à la fibre dans le pays alors qu’avant son introduction, plus d’un quart des surfaces consacrées à la culture étaient semées avec des variétés locales. En résultent un règne sans partage de la firme américaine, l’endettement des paysans qui conduit certains au suicide, un appauvrissement des terres ainsi que la résistance accrue des semences aux bactéries, nécessitant toujours plus de pesticides.

Parce qu’il maîtrise toute la chaîne agricole de la semence aux pesticides, le nouveau groupe Bayer-Monsanto apparaît ainsi aux chefs comme une menace pour toute l’alimentation, du producteur au consommateur :

“[Ce rapprochement est] une source d’inquiétude pour les paysans et les agriculteurs qui voient se limiter leur liberté de planter et cultiver telle ou telle semence. Demain, à cause des OGM, du Roundup et des différents produits chimiques sortis des usines, les diversités culturale et culturelle n’existeront plus. La nature vivante ne sera plus qu’un produit marketé, transformé, muté au service d’un Léviathan.”

Dans cette perspective, les métiers de bouche seraient réduits à peau de chagrin, tels les maillons d’une chaîne infernale et purement mercantile :

“Sans un produit sain et de qualité, sans diversité des cultures, le cuisinier […] n’est plus en mesure de faire son métier. Quant au paysan et à l’agriculteur, ils se transforment en simples exécutants d’un grand tout agrochimique qui les dépasse : des ouvriers à la solde d’une entreprise apatride, hors sol.”

Pour consulter la lettre ouverte et (éventuellement) la signer, c’est par ici.