Les restaurants cashless, une fausse bonne idée ?

Les restaurants cashless, une fausse bonne idée ?

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(© Jason Leung via Unsplash)

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Par Robin Panfili

Publié le

À New York, un homme politique lance la bataille contre ce moyen de paiement qu'il juge injuste et discriminatoire.

C’est une tendance qui monte, mais qui ne fait pas que des heureux. Aux États-Unis, tout comme en France, le mouvement cashless, ou paiement dématérialisé, est en pleine croissance. Restaurants, bars, festivals, événements privés… Nul n’y échappe, et c’est un problème auquel le conseiller municipal de la ville de New York, Ritchie J. Torres, entend remédier, rapporte Eater.

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“J’ai observé de plus en plus de cafés et coffee shops où seul le paiement dématérialisé était disponible et je me suis dit : et si j’étais un New-yorkais à faible revenu n’ayant pas accès à une carte bancaire ?”, a-t-il déclaré au magazine Grub Street. J’y ai réfléchi longuement et j’ai réalisé que, même si cette politique peut sembler neutre en apparence, elle peut représenter une exclusion raciale dans la pratique. Je le vois comme un moyen de gentrifier le marché.”

À ses yeux, le système de paiement dématérialisé serait intrinsèquement “raciste” et “classiste” dans la mesure où il exclut d’office quiconque ne disposerait pas d’un terminal de paiement sur smartphone ou d’une carte bancaire. À ce titre, Eater rappelle que 22 millions d’Américains ne possèdent pas de compte bancaire.

“Gentrifier le marché”

“Si vous envisagez un modèle commercial de paiement dématérialisé, cela aura pour effet d’exclure les communautés de couleur à faible revenu de ce qui devrait être un marché ouvert et libre”, ajoute-t-il. 

Début 2018, Eater s’était déjà inquiété de ce mouvement grandissant dans une longue enquête. “À une époque où de plus en plus de restaurants n’acceptent plus [les moyens de paiement traditionnels], il est utile de penser aux personnes à qui ce système profite le plus : les entreprises et les banques, aux dépens des consommateurs.”

Mais si aujourd’hui le mouvement semble avoir le vent en poupe, la problématique du paiement dématérialisé — et de ses conséquences sur les personnes les plus fragiles – dispose toutefois encore de quelques garde-fous.

À Boston, par exemple, l’initiative visant à introduire le système cashless (et rien d’autre) dans le paiement des transports publics de la ville avait essuyé de grosses résistances en 2017. Dans le Massachusetts, une loi considère même comme “discriminatoire” le fait de ne pas accepter de liquide au moment du paiement dans les commerces, y compris les restaurants. Mais est-ce que cela sera suffisant ?