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Windy City Smokeout : 48 heures dans le plus américain des festivals

Windy City Smokeout : 48 heures dans le plus américain des festivals

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(© Paloma Clement Picos)

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Par Paloma Clement Picos

Publié le

Ribs, chicken wings, bières locales et musique country, pendant 48 heures, Chicago vibre au rythme d’un des meilleurs food festivals du pays : bienvenue au Windy City Smokeout.

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Niché sur les bords de la Chicago River, le Windy City Smokeout est un des événements phares du mois de juillet dans le Midwest. Avec près de 43 000 visiteurs pour sa cinquième édition, le festival s’est imposé comme un incontournable. Ses atouts : une nourriture de qualité, un excellent line up de musique country, les meilleures bières locales du pays et, surtout, la ville de Chicago comme hôte.

Barbecue, bières et cornichons

Généralement, quand on pense nourriture américaine, on pense plus quantité que qualité. Ce festival est là pour vous prouver le contraire. Et pour cela, les organisateurs font appel aux meilleurs restaurants et chefs du pays, tous spécialisés dans le barbecue. Texas, Caroline du Sud, Kentucky, Arizona…, les différents stands affichent fièrement leur provenance.

On aime vraiment être ici. Tout le monde se connaît, il n’y a pas de compétition. C’est comme être à une grande réunion de famille !”, explique Carey Bringle qui est venu de Nashville dans le Tennessee où il tient un restaurant, le Peg Leg Porker.

Le Windy City Smokeout, contrairement aux autres festivals culinaires du pays, n’est pas une compétition entre différents chefs ou restaurants. Alors tout est fait seulement pour l’amour de la viande, et rien que de la viande. Mais attention, on vous parle d’un porc cuit douze heures au bois de hêtre et au miel, de chicken wings issues de poulets élevés dans les plaines du Texas et de ribs fumées au bois de cerisier de l’Arkansas.

Quant aux boissons, une allée entière est dédiée aux meilleures bières locales du pays. De la Brooklyn Lager de New York à la Elysian de Seattle, pas moins de vingt-cinq brasseries sont présentes. Sans oublier du whisky sous toutes ses formes possibles : sec, on the rocks, en cocktail et même en infusion. On a même eu la joie de découvrir que les Américains n’avaient pas non plus de limite lorsqu’il s’agissait de se préparer un Bloody Mary : sans aucun complexe, tous complètent leurs cocktails avec des cornichons, du fromage et même des bâtonnets de viande. Et étrangement, c’est super bon.

Doug Paltis, fondateur du festival, explique pourquoi chaque année il ne s’entoure que des meilleurs :

“Je pense que c’est réconfortant pour les gens qui viennent. Les Américains ont besoin de choses dont être fiers, surtout en ce moment. Le barbecue et la bière font très bien ce travail.”

Aux États-Unis, les sous-entendus politiques ne sont jamais loin. Comme pour légitimer le sérieux du Windy City Smokeout, le quadruple champion du monde de barbecue Myron Mixon était là. Cette année, il a animé une masterclass en petit comité pour préparer un porc entier qu’ils ont passé la nuit à cuisiner, servi au brunch le lendemain matin. Ils n’ont pas oublié la pomme rouge dans la gueule du cochon, histoire de faire les choses dans les règles de l’art de la rôtisserie. Bilan des courses : les festivaliers auront englouti 3,5 tonnes de poitrine, 1 400 palettes de côtes, 2 tonnes d’épaule de porc et 5 000 ailes de poulet. En gros, comme on pouvait le lire sur le T-shirt d’un festivalier : “Vegans go home”, soit “les végétaliens, rentrez chez vous”.

Stetson et santiags

USA oblige, quoi d’autre que des chapeaux et des bottes de cowboy pour aller à un festival de country ? Très peu de personnes ont dérogé au dress code. Le lieu était un véritable défilé du cliché américain, pour notre plus grand plaisir. Fiers patriotes, les festivaliers ne manquaient pas d’inspiration pour porter les couleurs du drapeau américain. Chemises pour les hommes, legging ou short pour les femmes, les rayures et les étoiles blanches étaient partout. “On adore nos cowboy boots, mais c’est importable au boulot ou à l’université, alors dès qu’il y a un festival tout le monde sort sa paire ! Les festivals de country sont une des meilleures excuses pour avoir ce look, c’est tellement nous ! On se sent très américaines et ça fait du bien“, confie un groupe de filles venues de l’État voisin du Wisconsin. Même si le line up musical était une succession d’inconnus de la musique country pour nous, la foule a chanté haut et fort les chansons de Kip Moore, Lee Brice et Jana Kramer. Avec deux larges scènes, les organisateurs avaient prévu des artistes de renom, mais aussi des petits nouveaux de la scène country. Alors si vous voulez vivre une expérience américaine à fond, le Windy City Smokeout est l’événement qu’il vous faut.

Léger malaise

Dans ce joyeux festival bon enfant, on a quand même remarqué quelque chose. Au bout de quelques heures, on réalise que quasiment tout le monde est blond, blanc et visiblement assez argenté. La marée de filles au premier rang de la scène est une palette de cheveux blonds à châtain clair. Les seuls latinos ou afro-américains croisés sont les employés qui se fraient un chemin entre les groupes de frat boys pour ramasser les déchets.

Entre les drapeaux américains, on aperçoit même quelques drapeaux confédérés, bien que l’on soit en Illinois, un État du Nord qui historiquement s’est battu contre l’indépendance des États du Sud. Au stand de chapeau de cowboy, Regie, un Noir-Américain de Caroline du Sud, parcourt le pays chaque été et vend quelques chapeaux floqués du très controversé drapeau. On lui demande si ce n’est pas un peu étrange pour lui. Il répond :

“Ce genre de chapeau se vend toujours très bien. Que voulez-vous, ça fait partie de la demande où qu’on aille aux États-Unis. On est là pour faire plaisir aux gens et c’est tout. Business is business. Bien sûr que ce ne sont pas mes valeurs, mais être américain, c’est ça, c’est accepter les convictions de tout le monde.”

Le Windy City Smokeout n’est populaire qu’auprès d’un certain public, en majeure partie à cause de la musique country, loin d’être au goût de tous les Américains. Qui plus est, ailleurs dans Chicago, d’autres festivals avaient lieu le même week-end. Le South Side, terre d’origine d’Obama et de Kanye West, était l’hôte d’un festival de rap et hip-hop. Le multiculturel quartier de Wicker Park, quant à lui, organisait des concerts de musique sud-américaine. En prime, le Pitchfork Festival était de passage ce week-end-là et le Lolapalooza se tenait la semaine suivante. Une programmation qui révèle en fait la richesse de la ville de Chicago l’été : au final tout le monde peut y trouver son compte.