J’ai passé un mois d’octobre sans plastique

J’ai passé un mois d’octobre sans plastique

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Par Pharrell Arot

Publié le

En quatre semaines, je suis devenu inséparable de mon tote bag, de mon thermos et de mon dentifrice naturel

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En installant un jeu vidéo, vous pouvez choisir le niveau de difficulté. Pour mon défi d’octobre, j’ai cliqué sur “dur”, j’ai perdu rapidement et changé le menu en “normal”. J’ai donc passé un mois d’octobre “presque” sans plastique.

Niveau 1 : les courses

Il suffit d’ouvrir son frigo pour voir que le plastique est absolument partout. Et on ne le retrouve pas seulement dans l’emballage des évidents produits issus de l’industrie agroalimentaire, des yaourts aux condiments, mais aussi dans celui des produits d’épicerie bio, comme les sachets de tofu, et même au marché avec ces petites cagettes en plastique pour les tomates cerises. En soi, je suis déjà sensibilisé aux questions écologiques, aux “petits gestes” du quotidien : je prépare mes déjeuners dans des tupperwares en verre, je n’utilise pas de pailles et je recycle au maximum.

Pourtant, sans réfléchir bien longtemps, je sais que ma consommation de plastique est encore beaucoup trop élevée et que je ne me donne sans doute pas assez de mal pour la réduire. Le but de ce mois est donc de m’imposer au quotidien ces nouvelles règles pour éviter au maximum le plastique et me prouver qu’elles ne sont pas plus contraignantes que ça.

Pour les produits frais, je fais face à peu de changements, puisque je me fournis déjà presque entièrement chez des artisans et au marché, et je possède une armée de tote bags. Donc, à part quelques exceptions, j’ai peu de contraintes de ce côté-là. Pour l’épicerie et les courses au supermarché, c’est une autre histoire.

Alors, évidemment, la première semaine, j’ai testé les magasins en vrac, avec deux ou trois tupperwares et autres sacs en papier sous le coude. Oui, c’est possible, mais – et je risque de ne pas me faire que des amis en disant cela– les offres existantes de vrac, de circuits parallèles mieux sourcés et mieux pensés, ne sont pas assez accessibles et sont souvent trop élitistes. Si on veut que tout le monde joue le jeu, il faudrait démocratiser leur fonctionnement, l’étendre plus massivement à la grande distribution et rendre l’offre plus inclusive et plus simple d’accès.

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Je repars tout de même avec du riz, des céréales, des fruits séchés et autres bases du quotidien, maintenant bien rangés dans des petits bocaux dans ma cuisine. Pour autant, en snob des pâtes et de la farine, je n’ai pas trouvé mon bonheur dans le rayon vrac. Même si les propositions alternatives sont riches, le sourcing reste encore limité.

Premier boss : la ramasse

Mon premier ennemi plastique ? Mon éducation. On l’avait déjà croisée dans mon mois sans gluten, ou mon mois sans supermarché, mais son spectre a continué à me hanter durant ce mois sans plastique. J’aime quelques produits de marque, des madeleines, de celles qui clignotent en rouge dans l’appli Yuka, mais qui me sauvent le dimanche quand les jours raccourcissent : des compotes trop sucrées, du chocolat pour enfants et des coquillettes à rendre malade toute l’Italie.

Ces produits, en plus d’être bourrés d’additifs, sont systématiquement emballés dans du plastique, et les alternatives n’ont que le goût qu’elles méritent : celles de la vie d’adulte. Bien sûr que la pâte à tartiner maison est bonne, bien sûr que les compotes en bocaux sans sucre contiennent plus de fruit, mais parfois le cœur a ses raisons… Sans craquer pour autant, ce sont ces petits moments d’enfance qui s’envolent avec mes choix de vie actuels qui sont les plus difficiles, et il me faudra encore un peu de temps pour ne pas les regretter.

Et la reine de mes mauvaises habitudes ? La bouteille d’eau pétillante. L’acheter en verre, c’était l’idée, mais mon supermarché n’en propose pas. Une fois trouvées dans un hypermarché de bord de nationale, les six bouteilles étaient fièrement emballées dans du plastique, comme pour me narguer. La remplacer par une machine à gazéifier l’eau ? Oui, mais le résultat n’y est pas. Les bulles attendront novembre, et ce sera sans doute sur ce point-là que j’aurai du mal à garder mes bonnes habitudes côté plastique.

Niveau 2 : café et resto

Le plastique du quotidien, ce n’est pas que celui de nos placards et frigo, c’est aussi celui des cafés, qui distribuent des gobelets par dizaines, des plats à emporter au resto… Et même si beaucoup de lieux et restaurants ont pris les devants et proposent aujourd’hui des solutions plus écolos, le plastique est encore bien là.

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Pour le café, c’est lorsque la situation se présente qu’il faut sauter le pas. Voyant le verre toujours à moitié vide, je faisais partie des gens qui pensaient qu’on les prendrait un peu pour des iconoclastes en commandant leur boisson en tendant leur thermos au fameux barista. Habitué des espressos au comptoir ou en terrasse, j’ai ce mois-ci testé pour la première fois plusieurs grandes enseignes de café à emporter, et le résultat est plutôt très positif : à Paris comme en province, je n’ai eu aucune réaction étonnée à ma demande d’avoir ma commande servie dans mon thermos personnel. Alors, pas d’hésitation à avoir, partez le matin avec votre eco-cup, gourde ou tasse refermable préférée.

Au resto, c’est une fois de plus une histoire de choix. Le bar à salade que je fréquente présente ses ingrédients dans des assiettes en plastique. Même si on me sert dans mon tupperware, il y a peu de chance que cette fameuse assiette ne finisse pas à la poubelle. Et on en vient aux détails : il y a peu d’intérêt à courir après l’éco-plastique si cette nouvelle matière compostable n’est pas recyclée de façon systématique.

On se retrouve dans des situations où un restaurateur vous propose de nouvelles options d’emballages, mais continue à vous donner des couverts en plastique, ou l’inverse. Et dans les livraisons à domicile, on en vient parfois à recevoir une commande pour une personne contenant trois fourchettes en plastique alors que l’on avait mis en note : “Pas de couverts, merci”. Adopter les bons réflexes et gestes systématiques ne doit pas être décourageant, mais le changement global passera nécessairement par l’encadrement législatif, suivant par exemple la récente interdiction des pailles et autres gobelets à l’horizon des années 2020.

Niveau bonus : la cosmétique

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En plus de la cuisine, le plastique est omniprésent dans nos salles de bains. Rarement recyclées, les bouteilles de shampooing et autres gels douche sont facilement remplaçables. Sans tomber forcément dans des concoctions de hippies, les cosmétiques naturels sont aujourd’hui accessibles et surtout de plus en plus bon marché.

Pendant un mois, j’ai donc utilisé un savon dur à la place de mon gel douche, et je continuerai dans les mois à venir. Déodorant, gel pour les cheveux, baume pour les lèvres et les mains, chaque produit est disponible dans des emballages en papier, en verre ou en fer, réutilisables ou recyclables. Mention spéciale au dentifrice sec, à frotter avec un peu d’eau sur votre brosse à dents, étonnant les premiers jours et plutôt très cool à long terme.

Garder les bonnes habitudes

De ce mois, je vais garder quelques bonnes habitudes, notamment la simplicité d’avoir son propre thermos ou d’acheter en vrac des produits d’épicerie. À l’année, en plus de réduire mes déchets, je pense y gagner en dépense, sur un détail très simple : à la place de verser un sachet de riz dans la casserole, je pèse les produits secs. Alors, pas d’excuses, on peut facilement chacun choisir deux ou trois “petits gestes”, une simple petite marche pour se lancer dans une révolution collective.

Rendez-vous le mois prochain pour un nouveau défi.