“C’est quelque chose de très incompris d’être HPI” : entretien avec Elliott de Top Chef

“C’est quelque chose de très incompris d’être HPI” : entretien avec Elliott de Top Chef

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(© Marie Etchegoyen/M6)

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Par Emma Couffin

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"La production a fait de moi un ovni intellectuel."

Cette année, c’est Elliott Van de Velde qui a fait les frais de la terrible élimination lors du premier épisode de la treizième saison de Top Chef. S’il n’a laissé personne indifférent, on n’a pas eu le temps de réellement connaître Elliott. On a donc discuté avec lui pour en savoir un peu plus.

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Konbini food | Comment tu es arrivé à Top Chef ? Tu as des regrets par rapport à ton passage dans l’émission ?

Elliott | J’ai postulé il y a deux ans et cette année a été la bonne. Là-bas, j’aurais aimé plus de discussions humaines et pouvoir mettre en avant ce qui me tient vraiment à cœur, mon association qui lutte contre le gaspillage alimentaire. Mais tout va très vite, c’est la loi du concours.

Les épreuves, ça s’est passé comment ?

Le plat à base de céleri, c’est un plat que j’ai l’habitude de cuisiner. D’habitude, je travaille le légume et le poisson dans leur entièreté, mais je n’ai pas eu le temps de tout préparer comme je l’imaginais. Comme l’ont dit les chefs, il faut vraiment aller à l’essentiel. D’ailleurs, je ne savais pas que la cheffe Hélène Darroze n’aimait pas le céleri. Pour moi, c’est un produit brut incroyable.

Pour la dernière chance, avec ce thème de la pomme, j’avais envie de travailler la pomme d’une façon originale. Ça ne se voit pas à l’écran, mais j’avais des emporte-pièces très fins et je me suis coupé les mains constamment avec ! Au final, je pense qu’ils nous mettent dans un moule : dans cette émission, on cherche l’excellence, l’innovation. Les chefs ont déjà tout vu, nous, on est là pour dégainer très rapidement. Cette épreuve était complexe car il fallait surprendre tous les chefs d’un coup.

Tu as gardé contact avec les autres candidats ?

Oui, j’ai énormément gardé contact avec les autres candidats, on a beaucoup d’interactions, on n’a pas la même culture mais on parle le même langage. On a les mêmes ambitions, les mêmes idées. C’est important de garder contact.

Quel juré est le plus gentil selon toi ?

Je pense que les quatre sont extrêmement adorables. Je pense que l’humain est profondément gentil. J’ai eu la chance de parler avec Glenn Viel en aparté : il m’a encouragé et rassuré, on partage la même vision.

Est-ce que tu pourrais revenir dans Top Chef ?

Je pense que oui, car Top Chef est arrivé à un moment qui n’était pas opportun par rapport à mes projets actuels et ma vie privée. Mais je pense que Top Chef n’est pas forcément pour moi, ça va très vite alors que j’aime le calme, les discussions, j’aime créer. Je fais de la cuisine intuitive et sur Top Chef, c’est une cuisine instinctive : il faut parfaitement maîtriser ses plats, et je pense sincèrement que je n’avais pas du tout le niveau, en tout cas pour les présélections. Peut-être qu’une fois intégré dans une brigade, ça aurait été différent…

Tu espérais évoluer auprès de quel chef avant de commencer l’émission ?

Avec le recul, j’aurais probablement choisi Glenn Viel pour son humanité, pour la nouveauté aussi. Il réfléchit énormément par rapport à ce qui se passe. J’ai eu un vrai “match” avec lui.

Qu’est-ce qui a changé depuis ton passage dans l’émission ?

J’ai mon association [Hearth Project: Conscious Food, ndlr] qui lutte donc contre le gaspillage alimentaire. On a remporté plusieurs prix sur Bruxelles, notamment le prix de la durabilité, et on est lauréats du Programme régional en économie circulaire de Bruxelles-Capitale.

Je bosse aussi sur le restaurant gastronomique Entropy. Notre objectif, c’est de décrocher l’étoile verte Michelin. Si je résume l’idée principale d’Entropy, c’est “le désordre d’aujourd’hui est l’ordre de demain”. On est constamment dans la recherche pour essayer de consommer autrement. Entropy, c’est un concept. Par exemple, le plastique va être recyclé dans des imprimantes 3D.

De la même façon, les champignons, le mycélium, une fois recyclé, permet de créer des lampes, du mobilier. À partir d’un déchet, on fait un produit de consommation visuelle. L’idée est vraiment de désorganiser et réorganiser. On n’est pas des “bobos écolos”, mais on est conscients de l’urgence climatique et des enjeux environnementaux. Il y a plein d’autres projets à l’extérieur, plein d’événements culinaires. J’ai de la chance d’être entouré d’une équipe vraiment magique.

Tu as pensé quoi de toi au moment du visionnage de l’émission ?

La production a fait de moi un ovni intellectuel. C’est quelque chose de très incompris d’être HPI [haut potentiel intellectuel, ndlr]. Beaucoup de gens ont dit que j’étais hautain en voyant les images. Alors que le mot “hautain” ne me qualifie pas du tout. Je suis fier d’être HPI.

Le problème, c’est la façon dont on le surreprésente dans l’émission. Je ne suis pas un surhumain, on est différent, on a juste une autre vision. L’acceptation est déjà compliquée, pouvoir mettre un mot dessus est déjà une étape compliquée. Je suis un brin déçu pour ça. Je pense juste qu’on ne devrait pas s’attarder là-dessus et qu’il est important de recentrer l’humain.

Retrouvez Top Chef tous les mercredis à partir de 21 h 10 sur M6.