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Un artiste dénonce le gaspillage alimentaire en recréant des images avec de la nourriture

Un artiste dénonce le gaspillage alimentaire en recréant des images avec de la nourriture

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Par Sirine Azouaoui

Publié le

Alex Yudzon met en scène la nourriture de façon décadente.

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Dénoncer le gaspillage, s’inspirer des peintres classiques ou mettre en scène une métaphore… L’utilisation de nourriture dans l’art n’est jamais vraiment anodine. Pour Alex Yudzon, l’idée d’utiliser la nourriture vient de son histoire d’immigré soviétique. Originaire d’ex-URSS, il est arrivé à un très jeune âge aux États-Unis et a découvert les grands supermarchés, le gaspillage et les menus XXL. Il s’intéresse aussi à l’utilisation de la nourriture comme symbole dans les peintures du XVIe et XVIIe siècles. Ici, les aliments représentent notre “angoisse collective de la chute sociale”.

Alex Yudzon a créé deux projets qui se répondent. Le premier s’appelle The Book of Tasty and Healthy Food (Le livre de la nourriture goûteuse et saine), qui était aussi le titre du seul et unique livre de cuisine disponible sous l’URSS. “Ce livre est devenu pour beaucoup de soviétiques la représentation d’un mode de vie idéal”, confie-t-il. Une fois arrivé aux États-Unis, Alex Yudzon a redécouvert ce bouquin dans un des tiroirs de sa cuisine. Il a donc recréé les illustrations originales en sculptures et dans les détails, de la nappe à la marque peinte sur la boîte de conserve.

“Quand nous sommes arrivés en Amérique, on a fait l’expérience de l’abondance comme on n’avait jamais imaginé mais avec ça, aussi un gaspillage choquant. Des choses qui étaient précieuses en Russie étaient jetées sans réfléchir aux États-Unis.”

De la rareté de l’URSS à la surabondance des États-Unis

Aujourd’hui Alex Yudzon vit à côté d’un Costco, une boutique spécialisée dans la vente en gros à bas prix. “Je me sens pareil qu’il y a trente ans quand je suis arrivé. C’est un sentiment mélangé de bonheur de voir autant de choses en grandes quantités et une peur existentielle à propos de l’inhérente insoutenabilité de ce mode de vie.”

Ça donne des scènes de décadence, des corps couverts de bacon, des montagnes de fruits ou de déchets qui posent devant des scènes ou des peintures célèbres pour un projet nommé Le Radeau de la méduse. Ou comment trop d’abondance conduira l’homme à sa perte.