De plus en plus nombreux, les touristes américains enlèvent le pain de la bouche des Cubains

De plus en plus nombreux, les touristes américains enlèvent le pain de la bouche des Cubains

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Par Lenny Sorbé

Publié le

Depuis que les tensions entre leur pays et les États-Unis se sont apaisées, il devient difficile pour les Cubains de mettre la main sur certains aliments.

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Rares sont ceux qui peuvent encore se targuer d’entendre des oignons crépiter dans une cuisine cubaine. Et si tel est le cas, il s’agit probablement de la cuisine d’un onéreux restaurant où les seuls locaux sont au service à défaut d’être à table. Depuis quelques années, certains ingrédients de base de la cuisine latino-américaine tels que les poivrons verts, la tomate, les oignons, l’avocat ou encore la coriandre sont sujets à une forte hausse de leurs prix qui les rend inaccessibles pour le Cubain lambda.

La faute au flux grandissant de touristes, notamment américains, qui se rendent aujourd’hui sur le petit archipel où ils étaient autrefois persona non grata. L’an passé, Cuba a accueilli près de 3,5 millions de visiteurs sur son territoire. Un chiffre record qui a entraîné une demande croissante que la production alimentaire du pays n’a pas été en mesure de couvrir.

“On ne doit plus nourrir 11 millions de personnes désormais. On doit en nourrir plus de 14 millions”, confie Juan Alejandro Triana, un économiste de l’université de La Havane, au New York Times.

Pour préparer un repas décent pour sa famille, “il faut être magicien”

Le président cubain, Raul Castro, a entrepris des mesures visant à plafonner le prix de certains fruits et légumes. Mais ces mesures ont pour seules conséquences de pousser les commerçants à se diriger vers un marché noir où ils sont libres de fixer les tarifs qu’ils souhaitent. Le pound (soit environ 0,45 kilogramme) d’oignons y est par exemple vendu pour une somme équivalente à 10 % du salaire mensuel moyen à Cuba. Pour préparer un repas décent pour sa famille, “il faut être magicien”, décrit une mère de famille au média américain.

Au bout du compte, seuls les restaurants privés et essentiellement plébiscités par les touristes parviennent à acheter des produits de qualité. Certains se permettent même d’aller directement auprès des agriculteurs et leur fournissent des graines pour faire pousser des aliments qui ne se cultivent habituellement pas à Cuba, comme la courgette ou la roquette.