Après le “désespoir” dans les vignes, quel avenir pour le champagne ?

Après le “désespoir” dans les vignes, quel avenir pour le champagne ?

Image :

© Unsplash

photo de profil

Par Konbini Food

Publié le

Une maigre, mais précieuse, consolation après les intempéries.

Une “demi-vendange”, en raison du gel de printemps, de la grêle et du mildiou : 2021 a été éprouvante pour le vignoble champenois, qui n’avait pas connu une si faible récolte due aux aléas climatiques depuis les années 1950. Mais la tristesse dans les vignes a été atténuée par une forte reprise des expéditions de champagne, grâce aux stocks, après leur chute en 2020 liée à la pandémie de Covid-19.

À voir aussi sur Konbini

2021 “a été une année de combat, de difficultés, parfois de désespoir pour les vignerons qui ont lutté de façon acharnée pour obtenir des raisins. Certains d’entre eux, sur certaines parcelles, n’ont pas eu de production”, a déclaré jeudi Laurent Panigai, directeur général du Syndicat général des vignerons de la Champagne (SGV), lors d’une rencontre avec la presse à Paris.

Le gel d’avril qui a frappé la France de façon prolongée a occasionné une perte de rendement de 30 % dans le vignoble champenois, selon le SGV. Puis la grêle a touché 500 hectares dont la moitié a été totalement détruite. Enfin, le mildiou, un champignon qui a profité des pluies à répétition, a entraîné 25 % à 30 % de pertes de rendement.

Au total, “on peut dire qu’on a moins 50 % en volume” sur la quantité de raisin récoltée par rapport à 2020. “Soit une demi-récolte”, estime M. Panigai. “Il faut remonter aux années 1950” pour retrouver une vendange aussi perturbée. Le rendement agronomique moyen de la vendange 2021 devrait approcher 6 500 kg par hectare. Il était d’environ 12 000 à 13 000 kg par hectare l’an dernier.

“Ce désespoir s’accompagne aussi d’espoir car nous sommes récompensés de nos efforts du passé : nous avons des vins de réserve très qualitatifs”, tempère toutefois M. Panigai. Le champagne est un vin qui assemble les cépages mais aussi les années. Les récoltes de 2018, 2019 et 2020 étaient à la fois de qualité et suffisamment abondantes pour que des vins soient mis en réserve.

“Nous allons pouvoir faire des assemblages entre la petite quantité de 2021 et des vins de réserve”, poursuit le directeur général. Le modèle champenois a une grande vertu, celui de permettre de faire des réserves individuelles au fil des ans, qui peuvent être utilisées en cas de baisse des récoltes.

Cette année, “nous allons débloquer les réserves”, déclare le président du SGV Maxime Toubart. “Il n’y aura pas de pénurie de champagne.” Il souligne, par ailleurs, que “le commerce de champagne va bien”. “Nous sommes satisfaits de voir que la reprise est plus rapide qu’imaginé […] Nous sommes revenus à la normale.”

Les expéditions de champagne devraient atteindre 305 millions de bouteilles cette année, après un plongeon en 2020 dû aux restrictions sanitaires mises en place pour faire face au Covid-19 (244 millions de bouteilles). Elles devraient dépasser le montant de 2019 (297 millions de bouteilles expédiées). Le chiffre d’affaires devrait s’approcher de 5 milliards d’euros en 2021. Créé en 1919, le SGV regroupe plus de 99 % des vignerons champenois, soit près de 20 000 adhérents.

Konbini avec AFP