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Braise-moi, un manuel de cuisine 100 % cultures queer bientôt dispo

Braise-moi, un manuel de cuisine 100 % cultures queer bientôt dispo

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© Braise-moi

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Par Valentine Cinier

Publié le

Le magazine Hétéroclite, mensuel gratuit “gay mais pas que”, a eu l’idée (géniale) de publier un livre de recettes agrémentées de références culturelles, historiques et pop féministes, LGBT et queer.

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Braise-moi, Manuel de cultures queer dans la cuisine sera disponible en février si la campagne de crowdfunding Kiss Kiss Bank Bank atteint les 15 000 euros nécessaires à la publication de 1 000 exemplaires. Braise-moi, ce n’est pas un manuel de cuisine classique : chaque proposition de recette s’accompagne de clins d’œil à des icônes ou à des figures marquantes des cultures homosexuelles et féministes, d’une approche non conformiste du genre, d’un humour mordant à l’égard du sexisme ou des LGBT-phobie et queer-phobie.

On a discuté avec Émilie Bouvier et Stéphane Caruana qui sont tous les deux à l’origine du projet.

Club Sandwich : Pouvez-vous nous parler de votre magazine, Hétéroclite ?

Émilie Bouvier et Stéphane Caruana : Hétéroclite est un mensuel LGBT gratuit diffusé à Lyon, Grenoble et Saint-Étienne qui, depuis 11 ans, s’intéresse à l’actualité et à la culture par le prisme des questions de sexualités, d’homosexualité, de féminisme et de genre.

Comment avez-vous eu l’idée de publier un livre de recettes queer ?

Il s’agit au départ d’une rubrique mensuelle dans Hétéroclite, “Les recettes de Boubi”, tenue par notre chroniqueuse Émilie Bouvier, dans laquelle elle propose une recette originale agrémentée de références culturelles décalées. On a eu envie de consigner ces recettes et d’en proposer de nouvelles dans un livre qui permet également d’explorer plus largement la culture LGBT, féministe et queer, à travers des pastilles littéraires, historiques et pop.

Qui est derrière ce projet ?

Émilie Bouvier, prof de lettres et chroniqueuse chez Hétéroclite, est à l’origine du projet, épaulée par la photographe Anne Bouillot. Le magazine Hétéroclite est éditeur de Braise-moi et fournit le graphiste, la community manager et un soutien moral sans faille à l’autrice. Au total, six personnes travaillent sur le projet et notamment sur le crowdfunding qui doit nous permettre de publier l’ouvrage.

Braise-moi, ce titre est vraiment magique, qu’est-ce que l’on trouve dans ce manuel exactement ?

Il s’agit d’une allusion à la fois à Virginie Despentes et à la poétesse du XVIe siècle, Louise Labé. Les analogies entre ce livre et ces deux icônes de la culture queer sont nombreuses : lyonnaises, féministes, sulfureuses, goût pour les mots et les marges. Ce titre, Braise-moi, est moins une provocation qu’une injonction, non pas tant à cuisiner qu’à s’ouvrir aux cultures queer, ou à s’y reconnaître grâce à la cuisine. Ce manuel entend ainsi réunir les trois piliers culturels que sont la bouffe, le cul et le verbe comme la Sainte-Trinité d’une vision personnelle de ce que l’on peut nommer la culture queer, une culture qui remet en question l’hétéronormativité et le patriarcat.

C’est quoi une cuisine féministe, gay et lesbienne ?

Le livre propose de véritables recettes, facilement réalisables, en essayant de faire coïncider les mots avec la nourriture afin de mettre en valeur de façon humoristique des références LGBT, queer et féministes. Ce manuel est un livre qui joue entre les mets et les mots de manière décalée. Ainsi, les falafolles sont des falafels aux herbes folles : au-delà des pois chiches, on trouve de la coriandre exubérante, de l’épinard hystéro, du persil plat comme un décollement de racine loupé et des cébettes faussement connasses qui se mêlent aux zestes zélés et acerbes du citron. Bref, une recette qui rend hommage à la grande follasse ou la vieille tata que nous sommes toutes et tous d’une manière ou d’une autre.

Le Burger Queen, le Mi-Queer au chocolat, le Shakiramisu, la Terrine Dion, le Chutney Spears… que de références à la culture pop. C’est laquelle votre recette préférée ?

Le Mi-Queer, un mi-cuit chocolat-gingembre, et le Shakiramisu ou le tiramisu colombien pour bomber vos fesses de bombasses latinas et vous faire twerker toute la nuit. Leur point commun : l’excès ! Orgie de chocolat, de caféine, de sucre agrémentée de références historiques, comme la passion de Marie-Thérèse d’Autriche pour le chocolat (qui en fit une drogue encore plus à la mode à la cour du Roi-Soleil qu’un sachet de cocaïne dans les couloirs de Réservoir Prod) ou de références pop et kitsch à Shakira, Céline Dion ou Kate Moss…

À qui s’adresse ce manuel de cuisine ?

Ce livre est destiné aux queer, aux queer-curious, à celles et ceux qui ne saucent pas leur assiette et aux autres qui la lèchent à grands coups de langue. Aux cagoles, aux butches, aux brindilles, aux machos, aux clubbers, aux fashionistas, aux plans cul délaissés, aux travelos, aux folles, aux femmes libérées, aux coiffeurs, aux polytoxicomanes et aux polyamoureux. À toutes celles et ceux qui twerkent sur Britney, chantent sur Jacques Demy, pleurent en écoutant Céline Dion, ou aiment en lisant Louise Labé. Le but est de découvrir et partager certains codes de la culture LGBT, féministe et queer, et de détourner les codes de la société patriarcale, à partir de la cuisine.

Pourquoi les gens devraient donner de l’argent pour avoir ce bouquin dans leur cuisine ?

Parce qu’ils pourront ainsi faire des dîners à thèmes, insolites et décalés, et surprendre leurs convives plutôt que de leur servir un énième nougat glacé sur un plat en inox. Parce que ce n’est pas qu’une blague mais aussi de vraies recettes. Parce que ce ne sont pas que des recettes mais aussi des textes truculents que l’on peut lire pour le plaisir qu’on connaisse ou non la culture queer. Parce que ce ne sont pas que des textes mais aussi des photos culinaires tout aussi insolites et décalées.

Un petit mot de la faim ?

Chaque proposition de plat s’accompagne aussi de pastilles plus ou moins longues proposant des éclairages culturels, des définitions, des prolongements bibliographiques aussi sérieux qu’humoristiques pour mieux comprendre la culture queer dans ses aspects historiques, sociologiques, littéraires mais aussi kitsch et populaires. C’est un 2-en-1 plus efficace qu’un shampoing Jean-Louis David qui vous permettra de braiser vos endives tout en vous immergeant dans un bouillon de culture queer !

Participez et suivez l’évolution du projet jusqu’au 4 décembre sur Kiss Kiss Bank Bank et sur la page Facebook d’Hétéroclite.