Une chaîne de restaurants américaine adapte ses prix aux revenus des habitants

Une chaîne de restaurants américaine adapte ses prix aux revenus des habitants

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Lors de l’ouverture du premier établissement Everytable le 30 juillet dernier à South Los Angeles (©Rudy Espinoza)

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Par Jeanne Pouget

Publié le

La chaîne californienne de restaurants Everytable, implantée à Los Angeles, surfe sur la vague healthy. Avec un détail qui change tout : les prix de chaque établissement s’ajustent selon les revenus moyens des habitants du quartier. 

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“La bonne bouffe fait un pied de nez à la malbouffe” : voilà qui pourrait être le slogan de l’enseigne Everytable, qui a vu le jour cet été dans la cité des anges. Le premier restaurant de la chaîne, inauguré dans le quartier de South Los Angeles, propose des plats sains et de saison pour moins de 4 dollars (3,5 euros). Dans son deuxième établissement, qui ouvrira prochainement ses portes à Downtown, ces mêmes plats coûteront environ 8 dollars (environ 7 euros). L’explication à cet écart de prix ? Les résidents de Downtown gagnent mieux leur vie, tout simplement. De quoi rivaliser intelligemment avec les sempiternels burgers, vendus à 4 dollars quel que soit le quartier.

La nourriture saine, un droit fondamental

L’enseigne Everytable a été créée avec l’ambition de rendre la nourriture saine accessible au plus grand nombre. En particulier à Los Angeles, capitale américaine de la pauvreté. “Des jus verts à 9 dollars et des salades à 12 dollars font de la nourriture saine un luxe que la plupart des gens ne peuvent pas s’offrir”, explique le site de la chaîne. “En fait, de nombreuses communautés aux États-Unis ont très peu accès à de la nourriture saine à un prix abordable. C’est ce que l’on appelle des food deserts (des déserts alimentaires en français). Dans ces communautés, on observe un fort taux d’obésité, de diabète et de stress.”

Les cofondateurs, Sam Polk et David Foster, expliquent sur le site de Tech Insider que leur politique d’ajustement des prix en fonction des revenus ne leur fait pas perdre d’argent. En effet, l’établissement est relativement petit, fonctionne sur le principe du self-service, paye un faible loyer et emploie peu de personnel. Les repas sont préparés en grande quantité à l’extérieur puis livrés au magasin, ce qui permet de maintenir des coûts peu élevés et donc des prix raisonnables, entre 2,95 et 4,50 dollars par produit (entre 2,5 et 4 euros). Par ailleurs, la Californie a l’avantage d’être le premier producteur national de fruits et légumes, de viande et de produits laitiers, ce qui permet à Everytable de se fournir chaque jour à bons prix en produits frais et locaux.

Un menu inspiré des saveurs et des cultures de la région

À Everytable, on mange donc des cold bowls et des hot bowls (comprendre des bols froids ou chauds), ainsi que des menus pour enfants, avec des options sans gluten, végétarienne et végane. Du côté des plats froids, que diriez-vous d’une salade d’inspiration vietnamienne au poulet, d’une salade césar au kale, d’une assiette façon barbecue ou encore de chou-fleur épicé ? Du côté des assiettes chaudes, les plats s’inspirent des communautés de la région avec un poulet épicé à la mexicaine ou fumé à la jamaïcaine, un saumon cajun ou encore un chili sin carne (la version veggie du chili con carne).

Chaque plat est accompagné de ses informations nutritionnelles, à savoir sa teneur en graisses, en protéines, en vitamines, en sucres, ainsi que son nombre de calories. De quoi motiver ceux qui le souhaitent à bien se nourrir et à laisser de côté les fast-foods et le classique burger-frites de mauvaise qualité.

À L.A., de plus en plus d’initiatives en faveur de la démocratisation du bien manger

L’initiative de Sam Polk et de David Foster n’est heureusement pas la seule dans la ville de Los Angeles, qui enregistre un fort taux de pauvreté. Ainsi, les chefs Roy Choi et Daniel Patterson (2 étoiles au Michelin) se sont donnés pour défi de démocratiser la gastronomie. D’abord dans un quartier pauvre de San Francisco, où ils ont introduit la cuisine moléculaire, puis plus récemment dans le quartier afro-américain de Watts, où ils ont créé Locol, un “fast-food sain”, où rien sur la carte ne dépasse les 7 dollars (environ 6 euros). Leurs burgers sont constitués à 70 % de bœuf et à 30 % de graines et de tofu, le tout sur un lit de raifort aux oignons verts, et servis sans frites ni boissons sucrées.

Il y a deux mois, nous vous parlions aussi du camion Share a Meal, qui sillonne Los Angeles en offrant chaque semaine des burritos végétariens, frais et savoureux à près de 700 personnes défavorisées. Au menu : une préparation à base de riz et de dhal (plat indien avec des lentilles), recouverte d’oignons frais et de coriandre, le tout enroulé dans une tortilla.

Dans un pays où les laissés-pour-compte et les pauvres n’ont pas d’autre choix que de compter sur eux-mêmes, la solidarité et l’entraide s’organisent parmi les citoyens.