Dans un Vénézuela en crise, la cuisine système D

Dans un Vénézuela en crise, la cuisine système D

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Par Sirine Azouaoui

Publié le

Crise économique et pénuries alimentaires forcent les Vénézuéliens à adopter une cuisine de la débrouille.

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Au Vénézuela, les supermarchés sont vides. Les prix des aliments explosent. Le pays connait une profonde crise économique depuis des mois. Alors, pour se nourrir sans sacrifier leur cuisine traditionnelle, les habitants font avec les moyens du bord et réinvente les plats vénézuéliens, comme le rapporte l’AFP.

Les arepas sont des petites crêpes adorées dans ce pays d’Amérique Latine. Fabriqués à base de farine de maïs, on les fourre à toutes sortes de choses : de la viande, du fromage, de l’avocat. C’est le plat de base du Vénézuela, du petit-déjeuner au dîner. Mais le maïs manque, et quand il y en a, il est très cher. Les sites vénézuéliens multiplient les articles qui proposent des alternatives aux ingrédients traditionnels.

On se met à faire des arepas à la patate douce, aux carottes, aux courgettes, au manioc ou même à la betterave.

Les journaux aussi y vont de leurs recommandations : manger des sardines et des coquillages, moins chers. Remplacer les protéines animales par du soja, des lentilles ou des pois chiches ; manger les fruits entiers sans en faire des jus.

Un groupe Facebook qui propose des recettes alternatives a été créé il y a quelques mois. Il regroupe 74 000 membres. L’un des créateurs du groupe, Richard Hernandez, raconte. “Cela a été comme lancer une allumette sur un tas de feuilles mortes, ça a pris très rapidement car nous sommes tous dans la même situation”. Environ 80% des aliments manqueraient au Vénézuela, ce qui provoque une “angoisse collective” selon Richard Hernandez.

De la farine grillée à la place du café

Le Vénézuela a basé toute son économie sur les exportations de pétrole, en mettant de côté l’agriculture. Quasiment toutes les denrées alimentaires sont importées d’autres pays. En pleine crise économique, il devient difficile pour le pays d’importer. Même les produits les plus basiques sont difficiles à trouver. Sur le groupe Facebook, on propose ainsi de remplacer son café par une infusion de farine grillée, son lait par une eau de riz, sa viande par des épluchures de bananes ou son fromage par du fromage de riz.

Les chefs aussi tentent de proposer un système D. Angelo Campione est directeur d’une école de cuisine, et il apprend à ses élèves et aux professeurs à faire avec ce qu’ils trouvent.

“Beaucoup des grands plats proviennent de moments de crise. La pomme de terre a sauvé l’europe de la fin pendant la guerre et aujourd’hui il est impossible de concevoir la gastronomie française sans elle (…) J’espère qu’on ne dira jamais voilà un verre et une bouteille d’eau, la recette du jour.”

Il semblerait quand même que la véritable arepa manque à certains Vénézuéliens, qui exprime leur désespoir sur les réseaux sociaux.

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