Désolé, mais on élevait bien mieux les palourdes il y a 3 500 ans

Désolé, mais on élevait bien mieux les palourdes il y a 3 500 ans

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Par Robin Panfili

Publié le

Au Canada, les "jardins de coquillages" étaient beaucoup plus efficaces que nos techniques d'aquaculture actuelles.

En Colombie-Britannique, la province la plus à l’ouest du Canada donnant directement sur l’océan Pacifique, les palourdes et les autres coquillages ne sont pas qu’un simple plaisir culinaire comme nous pouvons le connaître aujourd’hui. En effet, depuis des millénaires, la consommation de ces fruits de mer est ancrée dans la culture gastronomique de la région. 

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Cette place des palourdes dans la culture locale est le sujet d’étude de l’ethno-biologiste Dana Lepofsky, qui explore, creuse et analyse les récifs et côtes de Colombie-Britannique depuis plusieurs années en vue de mieux comprendre la manière dont les populations autochtones ont cultivé et consommé ces coquillages à travers les siècles. 

(© Simon Fraser University/CC BY 2.0)

Casser les clichés

Grâce à de longues recherches archéologiques dans la région, Dana Lepofsky et son équipe ont ainsi pu constater que ces populations sont parvenues à entretenir des élevages de palourdes pendant plusieurs millénaires.

“Leurs travaux suggèrent que, il y a 3 500 ans et jusqu’à l’arrivée des colons européens, les Premières nations du Canada géraient si efficacement les écosystèmes océaniques peu profonds que les populations de crustacés grandissaient, vivaient plus longtemps et constituaient une source de nourriture plus productive que dans l’aquaculture contemporaine”, explique le magazine Atlas Obscura.

Par ailleurs, l’étude balaye bon nombre de clichés sur les usages des populations autochtones. Selon la croyance populaire et les idées reçues, l’Amérique du Nord était comme un “paradis intact” et immaculé jusqu’à l’arrivée des colons européens. Or cette région du monde “regorgeait d’écosystèmes gérés avec soin par les peuples autochtones depuis des millénaires.”

“Jardins de palourdes”

Si l’on se figurait jusque-là les peuples autochtones comme des populations essentiellement portées sur l’agriculture, la chasse ou la cueillette, l’étude suggère qu’ils étaient en réalité bien plus polyvalents que cela. Car si les habitants de Colombie-Britannique pouvaient compter sur ces élevages de palourdes pour subvenir à leurs besoins, c’est parce qu’ils ont su mettre en place des techniques d’élevage très efficaces sur leur littoral. Ces précieux rivages de coquillages, souvent créés artificiellement, étaient appelés loqiweys (“jardins de parlourdes”)

“Ils comptaient depuis longtemps sur les riches palourdes de la région, qui étaient devenues de plus en plus grasses et résistantes depuis la dernière période glaciaire, comme aliment de base. Il y a environ 3 500 ans, les habitants ont compris qu’en construisant des terrasses le long du rivage, ils pouvaient créer des bas-fonds abrités où les coquillages se développaient.”

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