En Irlande, une distillerie sort un “gin très, très fort” pour se désinfecter les mains

En Irlande, une distillerie sort un “gin très, très fort” pour se désinfecter les mains

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Paul Faith / AFP

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Par Konbini Food

Publié le

Un breuvage que la distillerie "déconseille absolument de boire".

À la distillerie Listoke, au nord de Dublin, les alambics à gin servent désormais à produire du désinfectant pour les mains qui, en Irlande comme partout, fait défaut pour se protéger du nouveau coronavirus. “En fait, on utilise les mêmes ingrédients, on pourrait dire que c’est un gin très, très fort”, explique à l’AFP la directrice générale et cofondatrice Bronagh Conlon. Précision : “On déconseille absolument de le boire”.

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À l’origine, le personnel de la distillerie et école du gin, située à Tenure, à 60 kilomètres au nord de la capitale irlandaise, avait commencé à produire, à usage interne, son propre gel à 64 % d’alcool, avec les mêmes genièvres que son gin artisanal. Mais face à la propagation du Covid-19, l’entreprise a commencé à vendre des bouteilles au public pour 10 euros et à en donner aux associations qui s’occupent des sans-abris.

Selon le responsable, la distillerie a vendu 2 000 litres, soit 3 500 à 4 000 bouteilles de son produit depuis le début de la commercialisation samedi, un apport précieux dans la lutte contre le virus. “C’est juste notre manière d’aider”, explique Bronagh Conlon, 55 ans. “Tout le monde est en territoire inconnu”.

“Réconfort” et “hygiène”

Ce mercredi, le personnel s’affaire à servir les clients sur des tables dressées à la hâte, garnies de gin et de désinfectant, dont les stocks sont presque épuisés. “Le gin pour le réconfort, le gel pour l’hygiène”, plaisante un membre du personnel avec un client qui repart avec une bouteille de chaque.

Dans la queue jusqu’à la porte d’entrée de la distillerie, les clients restent à bonne distance les uns des autres, respectant scrupuleusement les recommandations du gouvernement. Une dame âgée fait ses achats, un masque chirurgical sur le visage. L’Irlande déplore deux morts et 366 cas confirmés de personnes infectées par le virus, selon les derniers chiffres du ministère de la Santé, publiés mercredi soir.

Mais le Premier ministre, Leo Varadkar, estime que le nombre réel de cas pourrait s’élever à 15 000 d’ici à la fin du mois en Irlande, qui compte près de 5 millions d’habitants. “Ce soir, je sais que nombre d’entre vous ont peur et se sentent submergés”, a-t-il déclaré mardi dans une allocution télévisée, pour la Saint-Patrick, patron du pays, dont les parades ont été annulées dans tout le pays.

Besoins énormes

“C’est une réaction normale, a-t-il ajouté, mais nous traverserons et vaincrons cette épreuve”. Pubs, écoles et universités ont fermé leurs portes. Les rassemblements de plus de 100 personnes sont fermement déconseillés et le travail à domicile encouragé. Malgré les assurances du gouvernement pour dissuader les habitants de se ruer sur les produits de première nécessité, masques, savons et gels désinfectants ont disparu des étalages.

Pour être elle-même venue à bout d’un cancer du sein, Mme Conlon a bien conscience des difficultés des plus vulnérables face au risque d’être infecté. “Ce que nous avons vendu n’est qu’une fraction de ce dont on a besoin, dit-elle, c’est vraiment inquiétant de voir le nombre de personnes qui se font un sang d’encre, parce qu’ils n’arrivent pas à trouver… de désinfectant pour les mains, c’est terrible, absolument effrayant.”

S’agrippant à ses bouteilles, Una Hatch, 70 ans, explique qu’il devenait critique de trouver du désinfectant : “On n’en trouve nulle part ! C’est super, une super idée de gens qui sortent des sentiers battus”, se réjouit-elle au sujet de l’initiative de la distillerie. À ses yeux, cette crise “fait ressortir le meilleur des gens”.

Konbini food avec AFP