L’avocat est-il (véritablement) un produit végan ?

L’avocat est-il (véritablement) un produit végan ?

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Par Robin Panfili

Publié le

Une simple question, dans un jeu télévisé, a suffi pour que la polémique enfle.

C’est une petite séquence télévisée qui a mis le feu aux poudres. Depuis quelques jours, un extrait du jeu télévisé comique QI, diffusée par la BBC, divise les Britanniques sur un sujet, déjà sensible : le véganisme. Les candidats de l’émission étaient amenés à répondre à la question suivante : “Parmi les amandes, les avocats, les kiwis et les courges butternuts, quels produits peuvent être considérés comme végans ?”

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Et quelle ne fut pas leur surprise lorsque la réponse s’est finalement affichée à l’écran : aucun de ces produits n’est “véritablement” végan. Stupeur sur le plateau. “C’est la même chose que pour le miel, a expliqué la présentatrice Sandi Toksvig. Ils ne peuvent voir le jour sans les abeilles, et la manière dont sont utilisées les abeilles est, disons, contre nature.”

Il faut dire que l’agriculture et la production intensive de ces fruits et légumes impliquent, dans certaines régions du monde, une “apiculture migratoire”, explique-t-elle. Prenez la Californie, par exemple, où les abeilles et les insectes pollinisateurs ne sont pas assez nombreux pour polliniser tous les vergers d’amandiers, ajoute le Daily Mail.

“Les ruches d’abeilles sont transportées à l’arrière de gros camions entre les différentes fermes. Elles peuvent un jour aller dans des vergers d’amandiers dans une région des États-Unis, puis dans des vergers d’avocats dans une autre région, ou encore dans des champs de tournesols pour l’été.”

Mais si les végans, qui évitent tous les produits issus de l’exploitation animale, font l’impasse sur le miel, ne devraient-ils pas alors également se passer de fruits comme l’avocat, qui impliquent l’exploitation d’abeilles dans sa production ? C’est, en réalité, un petit peu plus compliqué que cela, explique The Conversation.

Une question éthique

À vrai dire, tout dépendrait avant tout de la provenance et de l’origine des produits en question : des amandes produites à grande échelle, impliquant une apiculture migratoire – dont des études ont confirmé les conséquences sur la durée de vie des abeilles –, ne seraient donc pas à mettre sur le même plan que des courges produites localement.

Mais une autre question, profondément éthique, s’impose ici : le statut moral des insectes. L’apiculture commerciale, tout comme leur transport, peut blesser ou tuer des abeilles : “Mais certains peuvent se demander si les abeilles sont capables de souffrir de la même manière que les animaux”, note le magazine.

Pour la présentatrice de l’émission, toutefois, nous sommes régulièrement trompés, en tant que consommateurs.

“Pour de nombreux fruits et légumes, nous sommes dupés. Le brocoli est un bon exemple, tout comme les cerises, les concombres ou la salade. Nombre de produits que l’on considère comme végans ne sont finalement pas strictement végans”, ajoute-t-elle.

Un constat que ne partage pas tout à fait l’association The Vegan Society. Au site d’information Plant Based News, la porte-parole de la structure s’explique :

“Les végans évitent, autant que possible et faisable, l’exploitation des animaux. Nous sommes conscients que de nombreuses formes d’agriculture impliquent des dommages indirects aux animaux, mais il est malheureusement impossible d’éviter la destruction d’autres animaux dans la plupart des exploitations agricoles à l’heure actuelle. Cependant, nous ne considérons pas que, sous prétexte que l’on ne peut pas éviter à cent pour cent la cruauté envers les animaux, leur souffrance et leur exploitation, il faudrait ne pas s’en soucier.”

Dans l’édition britannique du Huffington Post, John Parks, végan depuis de nombreuses années et amateur de tartines à l’avocat, va également dans ce sens. “Je pense que de tels arguments sont juste utilisés pour s’attaquer aux végans et pour faire en sorte que les mangeurs de viande aient la conscience tranquille.”