Le chef superstar Jamie Oliver se lance dans les surgelés, et la pilule passe mal

Le chef superstar Jamie Oliver se lance dans les surgelés, et la pilule passe mal

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Par Jeanne Pouget

Publié le

C’est le Cyril Lignac des pays anglo-saxons : Jamie Olivier, chef britannique engagé contre la malbouffe, a décidé de d’associer avec un géant de l’agroalimentaire pour lancer une gamme de surgelés. Aïe … 

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Il a fait de la cuisine saine et abordable son fer de lance au Royaume-Uni, pays ravagé par la malbouffe. Devenu star de la télévision dont les programmes s’exportent dans une quarantaine de pays, chacun de ses livres est un best-seller. Avec sa fondation Jamie Oliver’s Food Revolution, il tente de trouver des solutions concrètes pour enrayer le fléau de l’obésité et prône un idéal d’alimentation saine et facile d’accès.

Un chef engagé sur tous les fronts donc, et à la tête de plusieurs restaurants aux quatre coins du globe, suivi par près de 5 millions de personnes sur Instagram… Bref, tout était parfait jusqu’à ce que, Ô malheur, le gendre idéal annonce son étroite collaboration avec Sadia, une marque du géant de l’agro-alimentaire brésilien BRF Brazil, deuxième plus grand producteur de poulet du monde. De cette union inattendue devrait naître … une gamme de poulets surgelés.

L’ambition de changer le système

L’annonce de cette collaboration a fait bondir un grand nombre de commentateurs, accusant Jamie Oliver de trahir ses idéaux et les valeurs qu’il s’était évertué à défendre jusqu’alors. Mais l’intéressé se défend d’avoir vendu son âme au diable. Dans une conférence de presse au Brésil rapportée par Slate, il explique être toujours mû par l’ambition de changer le système :

“Si nous voulons un grand changement, nous avons besoin de grandes entreprises. J’ai peut-être tort. Mais je préfère essayer. […] Dans un an, nous en reparlerons et je vous montrerai les résultats que j’aurai obtenus”.

Cette collaboration aurait en effet pour but d’améliorer la qualité des plats surgelés vendus par la marque. Une ambition louable sur le papier mais pas forcément réaliste aux yeux de certains. Pour Elisabetta Recine, professeur à l’École de nutrition de l’Université de Brasilia interrogée par le quotidien britannique Telegraph, le chef se méprend complètement sur les enjeux profonds du système alimentaire au Brésil.

Elle explique en effet que le marché des surgelés, bien qu’en plein essor dans le pays, demeure une niche dont les prix assez élevés rendent ces produits inaccessibles à la majeure partie de la population. “Il est possible que [ces plats surgelés] soient plus sains mais ce n’est pas la solution [car] cela laisse penser que ce serait une solution pour tous les repas“. Et de déplorer le jeu de dupe auquel l’intéressé se serait, selon elle, laissé prendre : “Jamie Oliver ne rendra pas Sadia meilleur, mais Sadia va rendre Jamie Oliver pire“.

Les surgelés issus de cette collaboration entre le chef et la marque Sadia devraient arriver dans les supermarchés brésiliens dès le mois de septembre. Et pour un premier bilan, rendez-vous donc en septembre 2017.