Pourquoi le mythique Fauchon doit-il fermer certaines de ses boutiques ?

Pourquoi le mythique Fauchon doit-il fermer certaines de ses boutiques ?

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© STEPHANE DE SAKUTIN / AFP

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Par Konbini Food

Publié le

Au total, ce sont 77 personnes qui vont perdre leur emploi.

Célèbre pour ses chocolats et son épicerie fine, symboles du raffinement gastronomique français, le traiteur Fauchon va fermer ses deux boutiques emblématiques de la place de la Madeleine à Paris, à l’activité laminée par les mouvements sociaux puis la crise sanitaire, laissant 77 salariés sur le carreau.

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Le tribunal de commerce de Bobigny “a approuvé le plan de continuation” présenté par l’entreprise, née il y a 134 ans, qui sort ainsi de son redressement judiciaire et conserve dans la capitale son hôtel, le Grand Café Fauchon et une boutique dédiée au thé, précise la société dans un communiqué.

Cette procédure concernait ses activités en propre, c’est-à-dire le siège social et les trois magasins parisiens situés place de la Madeleine, prestigieuse adresse parisienne de la marque depuis sa naissance, et regroupés au sein de la filiale Fauchon SAS.

Celle-ci n’emploiera donc plus que 30 salariés, contre 107 jusqu’ici. Les 77 personnes dont les emplois sont voués à disparaître – 35 dans les boutiques, 22 dans le laboratoire, et 20 dans les services administratifs – vont percevoir “3 000 euros” en moyenne, dans le cadre des mesures sociales d’accompagnement prévues par le plan de sauvegarde de l’emploi (PSE), a précisé la direction.

“Pas un moment facile”

“Ce n’est pas un moment facile, mais il faut aller de l’avant, c’est le monde qui bouge, à nous de revoir notre copie”, a déclaré à l’AFP Samy Vischel, président de Fauchon, précisant que l’avenir est aux boutiques de plus petite taille, “100 à 200 m2, plus proches des clients”, alors que la clientèle étrangère, chassée par la pandémie de Covid-19, n’est pas revenue dans la capitale.

Le traiteur, dont l’actionnaire principal est l’entrepreneur Michel Ducros, entré au capital en 1998, compte cinq autres filiales employant quelque 1 500 salariés, et gère actuellement 73 boutiques, points de vente et restaurants dans le monde, dont 30 au Japon, trois en Corée, six en Europe, deux au Chili, 15 au Moyen-Orient et, en France, 17 exploités en franchise.

Ceux-ci “sont déjà sur un modèle beaucoup plus rentable, avec des charges et des loyers beaucoup plus flexibles et en phase avec la demande” des clients, avec un “positionnement clair, le thé ou la pâtisserie… Ils font 100 à 200 m2 et pas 1 300 m2, et ne proposent plus l’intégralité des produits Fauchon”. “Malgré tous nos efforts, nous ne sommes pas parvenus à nous entendre avec nos bailleurs pour baisser les loyers de ces deux magasins qui, combinés, s’élèvent à trois millions d’euros” par an, a indiqué M. Vischel.

Une “autre” place de la Madeleine

En outre, “la place de la Madeleine a radicalement changé : Leroy Merlin, Ikea sont arrivés, et la clientèle qui recherche de la gastronomie va désormais vers d’autres quartiers, beaucoup plus dynamiques” sur ce créneau, a-t-il observé.

Ainsi, les activités parisiennes du traiteur ont-elles vu leur chiffre d’affaires chuter depuis cinq ans, pâtissant successivement des attentats de 2015, des mouvements sociaux et des grèves de Noël 2019 – une période qui génère 30 % du chiffre d’affaires annuel —, avant que la fermeture administrative imposée par le Covid ne leur donne le coup de grâce au printemps dernier.

Selon le jugement du tribunal, dont l’AFP a obtenu copie, le chiffre d’affaires des boutiques situées aux numéros 24/26 et 30 de la place de la Madeleine a ainsi chuté à 5,5 millions d’euros en 2019 contre 13,4 millions en 2013, et celles-ci ont subi une perte d’exploitation de 6,9 millions d’euros, lors de l’exercice clos fin mars 2020, après avoir déjà perdu 5,7 millions d’euros lors de l’exercice précédent.

Fauchon va désormais “recentrer son activité sur des modes de vente plus en phase avec les nouvelles attentes des consommateurs, à Paris, en France et dans le monde”, indique-t-il. Le groupe veut rester un “porte-étendard de l’art de vivre à la française”, dans le cadre d’une “stratégie de déploiement globale incluant des hôtels, des écoles et d’autres projets”.

Konbini avec AFP