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À la rencontre de Miske Alhaouthou, la cheffe préférée de ton artiste préféré

À la rencontre de Miske Alhaouthou, la cheffe préférée de ton artiste préféré

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© La cuisine de Miske

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Par Robin Panfili

Publié le , modifié le

Cette ancienne manageuse d’artistes, devenue cheffe, s’apprête à vous faire vivre une expérience musico-gustative inédite.

Après une carrière dans l’accompagnement, le management d’artistes et un passage dans les coulisses de quelques festivals de renom (Rock en Seine, pour ne citer que lui), Miske Alhaouthou s’est dirigée vers une autre de ses passions : la cuisine. Mais ce virage professionnel ne l’a pour autant pas tellement éloignée de son amour premier pour la musique. Depuis quelques années, elle fait du catering, ce mot barbare qui désigne, tout simplement, la préparation et la confection de repas et collations pour des artistes en tournée, en concert ou en résidence.

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Après avoir mis à disposition ses qualités de cheffe pour la chanteuse Camille, pour Eddy de Pretto, Moha La Squale, Feu! Chatterton ou encore RZA du Wu-Tang Clan, Miske se lance aujourd’hui dans un nouveau défi. Un repas/brunch, ouvert au public, mis en musique par Guido du groupe Acid Arab, à l’occasion de la 31e édition du festival des Inrocks à Paris. Une expérience multisensorielle inédite, “un food trip qui éveillera autant vos papilles que vos oreilles”, dont elle nous raconte les coulisses.

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Après une carrière dans la musique, comment en es-tu venue à la cuisine ?

Miske Alhaouthou | Avec mon ancien travail, j’étais souvent en déplacement et j’en ai eu un peu marre d’être sur la route. J’ai eu envie de me poser et de réfléchir à un autre projet professionnel. C’est en voyant l’état des caterings et des buffets, en voyant des artistes fatigués avec des friandises plein le bus de tournée, que j’ai eu le déclic. J’ai voulu essayer de proposer quelque chose de différent, une cuisine portée sur le bien-manger, sur des produits plus sains, sur les circuits courts.

À quoi ressemble ton travail au quotidien auprès des artistes ?

Mon boulot, c’est de proposer des repas et des collations pour des artistes en prenant compte de leurs besoins, leurs envies, leur état de fatigue, leur tournée… Je regarde où ils étaient avant, s’ils étaient sur la route… Je suis dans une dynamique où j’offre pour un artiste l’occasion de manger plus sainement, pour changer de certaines salles de concert où, dans les loges, tu ne trouves que quelques barres chocolatées et trois fruits qui se battent en duel.

Comment tu t’y prends ?

J’essaie d’apporter une touche personnelle. Je suis d’origine comorienne, alors je vais chercher ou je fais venir des épices de là-bas et d’ailleurs. J’essaie de mettre en avant, aussi, des petits producteurs d’ici, en Île-de-France, et d’infuser tout ça avec ma culture, mon héritage personnel.

Pour la première fois, tu vas servir tes plats au public, c’est un challenge ?

J’ai toujours voulu travailler à taille humaine : jamais plus de quarante personnes. Je n’ai jamais non plus voulu bosser dans un restaurant. Mais là, c’est un défi qui m’a séduite.

Tu t’es associée avec Guido, du duo Acid Arab, c’est un hasard ?

Au contraire. Guido – et Acid Arab – est la première personne avec qui j’ai travaillé en tant que restauratrice de catering. C’est la personne avec laquelle je me retrouve le plus. Les influences d’Acid Arab sont les mêmes que mes influences culinaires. On réfléchissait depuis un moment à un projet en commun, qui permettrait de faire voyager les Parisiens.

Comment avez-vous pensé et organisé cette collaboration inédite ?

Je lui ai proposé de faire un mix, et moi d’écrire les recettes en fonction. À chaque mets, tu auras une musique ou un genre musical du pays en question. J’adapte le chemin du brunch avec sa musique : tout sera lié. L’idée étant d’offrir une ouverture à des pays qu’on n’a pas l’habitude d’explorer, à commencer par les Comores, un pays que Guido exploite notamment dans son travail musical.

Et concrètement ?

On s’est retrouvés autour d’un repas et on a réfléchi. Je lui ai laissé une liberté totale. Moi, je m’adapte. Plus j’ai de contraintes, meilleure je suis, alors je n’ai rien voulu imposer. Il m’a envoyé et son mix il y a quelques jours et je me suis mis à réfléchir aux recettes. Il connaît ma cuisine, alors c’était finalement assez naturel. On retrouvera le Liban, le Maroc, les Comores…

C’était important de proposer une expérience multisensorielle plutôt qu’un brunch classique ?

On ne voulait pas reproduire le schéma des brunchs que tu retrouves à Paris. Là, ce sera exactement comme ce que je prépare à la maison. Souvent, j’écoute du classique pour me lancer quand je commence à cuisiner, pour me chauffer. Pour une recette italienne, il m’est déjà arrivé de me mettre du ragga italien en fond sonore. Cet événement est l’occasion de relier mes deux passions, la cuisine et la musique.

Selon toi, en quoi la musique et la nourriture sont-elles liées ?

Ma cuisine je la vois comme un artiste qui aurait plein d’influences et qui bricolerait son truc à lui avec une influence rock, jazz, tout en ayant écouté du blues avec ses parents. Moi, c’est pareil, je pars du principe que la cuisine c’est aussi ça. Ma cuisine a une base comorienne, mais explore aussi d’autres gastronomies. Je mets en avant toutes mes influences, de ce que j’ai vécu à la maison au resto italien que tu as adoré, en passant par ce que tu auras pu goûter au Liban, par exemple.

Tu vas cuisiner quoi ?

Un biryani, des lasagnes… Je ne sais pas trop encore…

C’est secret ?

Non pas vraiment. Mais, tu sais, je suis une artiste au fond [rires]. Je peux changer d’avis jusqu’au dernier moment. Ça dépendra aussi des arrivages, de ce que mes producteurs auront sous la main. Mais il y aura beaucoup d’influences. Les samosas par exemple, c’est un plat que tu retrouves aux Comores, en Inde, du fait de la colonisation. Aux Comores, il y a plein de plats que l’on retrouve en Inde, en France, en Afrique noire. Mon intention, c’était aussi de parler de tout ça indirectement.

Quoi ? Le food trip de Miske et Guido.
Quand ? 24 et 25 novembre (12 heures et 13 h 45).
Où ? Foyer historique de la Gaîté Lyrique – 3 bis rue Papin (Paris 3e).
Combien ? 24 euros (tarif plein), 12 euros (tarif réduit).
Réservations ici.