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World Restaurant Awards, le classement “punk” qui dépoussière (enfin) le genre

World Restaurant Awards, le classement “punk” qui dépoussière (enfin) le genre

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(© World Restaurant Awards)

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Par Robin Panfili

Publié le

Second degré, vraies récompenses et Alain Ducasse nommé "meilleur chef non tatoué".

Alain Ducasse et son prix de “chef non-tatoué”. (© World Restaurant Awards)

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Le classement 50 Best aura eu beau revoir ses critères de notation et de votes, et le Michelin s’associer avec Le Fooding, et si le vrai renouveau du classement de chefs et de restaurants se trouvait finalement ailleurs ? Le 19 février, dans l’imposant Palais Brogniart, la première édition des World Restaurant Awards dévoilait ses prix et récompenses avec, comme particularité, des catégories inédites et un cynisme rare.

C’est ainsi qu’Alain Ducasse s’est vu attribuer le prix de “chef sans tatouage”, ou encore Alain Passard, triplement étoilé, le prix de “meilleur compte Instagram” — par le chef tatoué et collaborateur régulier du magazine Munchies, Matty Matheson. Un vent de fraîcheur et de second degré dans le monde de la gastronomie, et une volonté de bousculer les classements traditionnels, amené par deux anciens du 50 Best, Andrea Petrini (ex-président du jury du 50 Best France) et Joe Warwick (fondateur du 50 Best).

Sur l’Instagram d’Alain Passard. (© Alain Passard via Instagram)

Second degré, mais vrai palmarès

“Alors, bon, des prix qui veulent dynamiter les prix, ça reste des prix. Mais un jury qui récompense le Refettorio et le Refugee Food Festival dans la même soirée, ça se respecte, note le journaliste gastronomique Stéphane Méjanès. Un public censé être snob et blasé qui ovationne aussi bien Paul Bocuse et Mathieu Viannay qu’Alex Atala et Andoni Luis Aduriz, ça remet l’église au centre du village. Et aller dénicher un restaurant inconnu dans un village de pêcheurs d’Afrique du Sud pour le sacrer ‘Restaurant de l’année’, c’est foutrement rafraîchissant.”

Car oui, le prix de Restaurant de l’année a été décerné à Wolfgat, un établissement planté dans un cottage centenaire, au bord d’une plage paradisiaque d’un petit coin reculé, à 150 kilomètres du Cap, et situé à quelques mètres de la grotte qui lui a donné son nom. Vingt couverts, un personnel pour la plupart féminin, un menu à 53 euros pour sept plats : ce restaurant monté par un journaliste tardivement reconverti en cuisinier propose une cuisine uniquement focalisée sur les produits locaux (moules, huîtres, plantes aromatiques, épinards…).

Moderne et “punk”

Mais au-delà d’Alain Passard et Alain Ducasse, d’autres chefs français ont eu le privilège d’être récompensés. D’abord Le Clarence de Christophe Pelé (deux étoiles) pour son “approche originale” et l’institution La Mère Brazier, comme “classique intemporel”. Pour la petite histoire, c’est la fondatrice du lieu, Eugénie Brazier, qui avait formé Paul Bocuse. Ça ne s’invente pas. Le Refugee Food Festival, festival culinaire parisien, a, lui, remporté le prix de “l’événement de l’année”.

En revanche, si le jury respectait une parité totale, on ne peut pas en dire autant du palmarès. Seule une femme a été récompensée : la journaliste gastronomique Lisa Abend. Pour les autres restaurants français cités et nommés (Clamato, Virtus, Racines, Dersou, Le Baratin…), mais pas récompensés, il faudra attendre l’an prochain. Car la sélection et la philosophie de ce classement moderne, “punk” et dans l’air du temps, nous réservent encore de belles surprises.

Le palmarès complet est disponible ici.