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La (très étrange) cellule de crise de Trump pour sauver le monde de la restauration

La (très étrange) cellule de crise de Trump pour sauver le monde de la restauration

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SAUL LOEB / AFP

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Par Robin Panfili

Publié le

Un casting de grands chefs et des représentants de multinationales pour redynamiser le secteur de la restauration.

Licenciements par milliers, avalanche de fermetures d’établissements… Après plusieurs semaines de confinement, le secteur de la restauration aux États-Unis est en pleine crise. Pour y faire face, le président Donald Trump a alors décidé de réagir en convoquant un panel d’experts pour anticiper la reprise des activités et œuvrer à limiter les dégâts sur le monde de la restauration. Mais, comme on pouvait s’y attendre, sa cellule de crise a été vivement décriée dès son annonce.

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Pour amorcer la “revitalisation” de l’économie américaine, Donald Trump a, en effet, opté pour un panel de chefs – uniquement des hommes – majoritairement âgé et monochrome : Thomas Keller (French Laundry), Wolfgang Puck (Spago), ainsi que deux chefs français, Jean-Georges Vongerichten (dont le restaurant triplement étoilé Jean-Georges est situé dans la tour Trump) et Daniel Boulud. Un panel surprenant, pas vraiment des plus modernes et éclectiques, mais surtout très controversé. Le premier, Thomas Keller, considéré comme une légende de la cuisine et l’une des toques les plus étoilées à travers le monde, a été largement conspué pour avoir accepté de rejoindre cette mission et ses liens avec Donald Trump.

Grands chefs et patrons de multinationales

Mais ce n’est pas tout : le panel comprend également des patrons et représentants de chaînes de restauration (McDonald’s, Subway, Starbucks, Wendy’s, Waffle House, Papa Johns ou Chick-fil-A…) et multinationales (Coca-Cola, PepsiCo…). Face à cette cellule de crise, nombre de restaurateurs se sont interrogés sur leur implication en faveur des restaurants indépendants qui risquent de payer le plus lourd tribut après la crise du coronavirus. Faudra-t-il compter sur un géant comme Starbucks ou Subway pour venir en aide à un restaurant de quelques employés qui s’apprêterait à mettre la clé sous la porte ?

Puis, la représentativité de ce panel exclusivement masculin et majoritairement blanc est également en question. Aux États-Unis, nombreux sont les médias et commentateurs à avoir suggéré des profils plus variés, et probablement plus adaptés à la mission, à l’image de chefs comme José Andrés qui s’illustre par des initiatives remarquables ou Kwame Onwuachi, un ancien de chez Thomas Keller qui avait dénoncé les discriminations en cuisine et exposé au grand jour “les indignités auxquelles les personnes de couleur doivent faire face” pour travailler dans la restauration, note Max Falkowitz pour Grub Street.

“Je suis curieux de savoir quels conseils Chris Kempczinski aura à donner aux propriétaires des 46 000 restaurants chinois aux États-Unis abasourdis par le double-coup dur des fermetures de restaurants et les réactions racistes qu’ils ont subis. Je me demande quelles stratégies Jean-Georges Vongerichten proposera aux immigrants sans papiers qui représentent 10 % de l’industrie hôtelière américaine et sont exclus du plan de relance fédéral, alors qu’il n’a même pas pris la peine de commenter la mort d’un de ses collaborateurs en cuisine.”

Aujourd’hui, la situation alarmante du secteur de la restauration aux États-Unis n’a plus grand-chose sur quoi se raccrocher. Face à un virus qui n’a pas fini de se propager, des licenciements qui vont frapper des populations déjà très précaires et des fermetures d’établissements par milliers, la restauration se voit ainsi contrainte de remettre son destin entre les mains d’un panel tout sauf représentatif. Une bien triste perspective, en somme.

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