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L’histoire derrière le “bureau à bonbons”, arme secrète des sénateurs américains

L’histoire derrière le “bureau à bonbons”, arme secrète des sénateurs américains

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© ANDREW CABALLERO-REYNOLDS/AFP

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Par Konbini Food

Publié le

Aux États-Unis, le "bureau des bonbons" est le seul endroit qui met d’accord les républicains et les démocrates.

C’est un simple pupitre en acajou, comme celui des 99 autres sénateurs, mais celui-ci renferme un pouvoir secret sucré, capable de rassembler démocrates et républicains dans un Congrès américain profondément divisé : le “bureau à bonbons” abrite depuis plus d’un demi-siècle chocolats et confiseries.

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Prêt à adoucir les longues séances de votes nocturnes et même les procès en destitution, le trésor se cache au dernier rang, du côté républicain, vers l’une des portes les plus passantes. La mission est cruciale : le sénateur qui l’occupe doit s’assurer que son tiroir est toujours plein ; surtout lors de semaines d’intenses négociations comme celles que vient de traverser le Congrès, sur les colossaux plans d’investissements de Joe Biden, la dette des États-Unis et le budget.

“Je peux vous garantir que le bureau à bonbons est actuellement, et continuera à être, bien rempli”, confie à l’AFP son occupant, le sénateur de la Pennsylvanie Pat Toomey. Coincés, parfois pendant toute la nuit au Sénat en attendant un vote décisif, les parlementaires, dont près d’une trentaine ont plus de 70 ans, puisent un regain d’énergie dans ces douceurs.

Pendant le premier procès en destitution de Donald Trump, en 2020, l’équipe du républicain Toomey avait ainsi transporté des cartons entiers de sucreries à travers les couloirs du Sénat, pour que son pupitre reste approvisionné pendant les longues heures d’auditions. Le sénateur s’occupe depuis 2015 de ce tiroir méconnu du grand public, dont peu d’images existent à cause des règles strictes interdisant les photos dans l’hémicycle.

Pour lui, il est “logique que le sénateur de la Pennsylvanie occupe le bureau à bonbons” puisque l’État est le premier confiseur d’Amérique et du monde. Avec, notamment, la marque Hershey’s, la Pennsylvanie abrite quelque 200 confiseurs qui emploient environ 10 000 personnes, d’après M. Toomey.

Une règle interdit aux sénateurs d’accepter les cadeaux mais il existe des exceptions, comme pour les produits peu coûteux venant de leurs États et voués à être distribués. Cette tradition est née en 1968 lorsqu’un républicain de Californie, l’acteur et danseur George Murphy, était installé à ce bureau. Connu pour sa gourmandise, il avait alors invité ses collègues à partager ses réserves de bonbons, cachées dans le tiroir.

“Maintenir les sénateurs éveillés”

Depuis, la douce habitude a perduré avec les autres républicains assis à ce bureau, comme John McCain mais aussi Rick Santorum, qui y était installé pendant le procès en destitution de Bill Clinton, dans l’affaire Monica Lewinsky. “Cela joue vraiment un rôle important pour maintenir les sénateurs éveillés pendant ces longues heures de témoignages”, racontait-il à la radio NPR en janvier 2020.

Selon cet ex-sénateur de la Pennsylvanie, l’équipe d’avocats du président démocrate s’était plainte à l’époque d’être privée de bonbons. M. Santorum avait reconnu l’injustice et s’était assuré qu’ils reçoivent assez de sucreries pendant le reste du procès, malgré les batailles politiques acharnées. Alors, les divisions sont-elles oubliées, autour de ces bonbons ? Pas si vite.

“C’est moi qui gère le bureau à bonbons !”, lance le démocrate Cory Booker. Pat Toomey distribue les friandises du côté républicain “et moi du côté démocrate”, insiste le sénateur du New Jersey qui, pendant les procès en destitution de Donald Trump, avait régalé son camp de M&M’s, fabriqués dans son État depuis les années 1940. “Beaucoup de mes collègues, particulièrement le chef [de la majorité, Chuck Schumer] mangent mes M&M’s”, insiste, plein d’entrain, cet ex-candidat aux primaires de la présidentielle américaine.

Alors en donne-t-il aussi aux Républicains ? “Maintenant que j’y pense, je me demande pourquoi je n’en ai jamais mis dans le bureau de Toomey”, reconnaît-il en se disant désormais “motivé” à le faire au plus vite. “Les petits actes de bonté font avancer le monde.”

Konbini food avec AFP