Pourquoi il faut (vraiment) aller voir le film The Chef ?

Pourquoi il faut (vraiment) aller voir le film The Chef ?

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Par Robin Panfili

Publié le

Une plongée inédite et épileptique dans les coulisses d’un restaurant.

C’est le film dont vous allez entendre parler et pourtant, à première vue, il n’a rien d’un blockbuster. Tout juste sorti en salles et déjà couronné de plusieurs récompenses, The Chef (ou Boiling Point en version originale), est un film qui vient bousculer l’ordre établi de la représentation de l’univers de la cuisine sur le petit et le grand écran. C’est aussi un film qui envoie balader, grâce à un plan-séquence quasi épileptique de plus d’une heure, les mythes et l’imaginaire collectif auxquels le monde de la restauration continue d’être trop souvent réduit.

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Réalisé par Philip Barantini, aperçu plus ou moins récemment dans Band of Brothers ou Chernobyl, le film nous plonge dans le service d’un restaurant gastronomique de Londres, lors d’une soirée particulièrement mouvementée à l’approche de Noël. Parmi les acteurs principaux, on retrouve Stephen Graham dans le rôle d’un chef torturé, sujet aux addictions et aux coups de sang, au milieu d’une brigade sous-tension, incarnée entre autres par l’actrice britannique Vinette Robinson (Black Mirror, Sherlock…).

Et voici pourquoi vous devriez aller le voir sans tarder.

Un récit réaliste

Si l’ambiance a changé depuis quelques années, les cuisines de restaurant restent des lieux clos où les excès sont toujours présents, pesants et surtout, à l’abri des regards – malgré la multiplication des cuisines ouvertes sur la salle. Souvent, aussi, ces abus restent peu documentés, car ceux qui les endurent craignent de les dénoncer, pour leur avenir, par peur de représailles ou simplement de ne pas être entendus.

Ce film offre une porte d’entrée inédite, et donc précieuse, vers les rouages méconnus d’un milieu souvent chaotique, encore très dur et particulièrement éreintant. Le récit est d’autant plus réaliste qu’il est porté par un réalisateur qui sait de quoi il parle. Avant de faire du cinéma, Philip Barantini a travaillé pendant une dizaine d’années dans la restauration, du petit bistrot au restaurant étoilé, avant de devenir lui-même chef de cuisine. Le regard qu’il porte sur ce métier s’avère donc pertinent, avisé et donne ainsi toute sa légitimité au film.

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Le glamour (enfin) laissé de côté

Voilà plusieurs années que la gastronomie est devenue un milieu fantasmé et glamourisé, tant par la presse, les émissions de télévision culinaires que certains acteurs de la restauration eux-mêmes. Si l’on se rend aujourd’hui au restaurant comme on va au théâtre, les chefs jouissent, eux, d’une popularité sans précédent. Pourtant, le monde de la restauration demeure un univers où les fantasmes ne se confrontent que rarement au réel. Ici, les nœuds et les tabous de la profession sont abordés de manière très frontale : le racisme, les addictions, les violences physiques, morales et verbales, mais aussi la pression endurée par des équipes perpétuellement sous pression… Le film ébranle ainsi volontiers l’image d’Épinal d’un univers souvent idéalisé. Et ça fait du bien.

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Une œuvre à part entière

Le film, en plus d’être une réussite dans sa narration et son scénario, est un bijou de mise en scène. Celui-ci est filmé entièrement en plan-séquence, pendant une heure et demie. Pas de coupes, pas de pauses, mais juste un fil rouge nerveux et effervescent qui vous embarque dans les tourments d’un chef et le tumulte d’un service de restaurant – de la salle aux cuisines – dans une tension parfaitement maîtrisée. Peu de détails ont filtré sur la manière dont le tournage s’est déroulé, mais le réalisateur et l’acteur principal se sont confiés au Fooding à ce sujet. Une prouesse qui pourrait bien enfin devenir le film culinaire de référence de la gastronomie moderne.

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Le film The Chef, en salles à partir du 19 janvier 2022.