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L’ananas pourrait être le cuir de demain

L’ananas pourrait être le cuir de demain

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© Pineapple Supply Co. | Unsplash

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Par Lenny Sorbé

Publié le

L’entrepreneuse espagnole Carmen Hijosa a mis au point Piñatex, le tout premier cuir fait à partir d’ananas.

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Quand il s’agit de préserver la vie d’un petit animal sans défense, les végans fourmillent d’idées. Dans leur mode de vie strict, mais dont le bien-fondé n’est plus à prouver, bacon, lait, steak et œufs sont ainsi substitués par toutes sortes d’alternatives à base d’algues, d’oléagineux ou de légumineuses, sources de protéines végétales. Sauf qu’il n’est pas uniquement question de bouffe, les sapes sont aussi concernées. À bas la laine provenant des moutons, et le suède ou le cuir, pour peu qu’ils soient faits avec la peau d’une vache. Mais là encore, les alternatives existent.

Déjà utilisé au XVIe siècle

L’ananas est l’une d’entre elles. Dès le XVIe siècle, aux Philippines, on utilisait les feuilles du fruit pour fabriquer des accessoires féminins, qui s’avéraient être le luxe de l’époque. Carmen Hijosa, créatrice de Piñatex, le tout premier cuir d’ananas au monde, n’a fait que s’inspirer de cette culture philippine du textile végan.

Cette dernière a pourtant œuvré pendant de longues années dans l’industrie du cuir conventionnel, celle qui abat chaque année des milliards d’animaux pour (littéralement) leur faire la peau. Il lui aura suffit d’un bref passage sur l’archipel océanien pour se persuader de la nécessité de développer d’autres textiles plus durables.

“Les peaux des animaux sont utilisées dans le textile depuis des milliers d’années, mais leurs processus de tannage et de production ont des effets néfastes sur l’environnement, ainsi que sur le bien-être des animaux et des personnes impliquées”, explique t-elle à PlayGround Magazine.

16 ananas pour un mètre carré de tissu

Pour fabriquer son cuir, Carmen Hijosa se sert également des feuilles d’ananas − habituellement jetées lors de la récolte − dont elle extrait les fibres pour en faire un tissu des plus robustes. 480 feuilles (soit environ 16 ananas) sont nécessaires pour fabriquer un mètre carré de textile. Textile que les marques pourront ensuite utiliser pour concevoir leurs sacs à main, vestes et chaussures ou pour rembourrer les vêtements de leurs collections.

À l’heure actuelle, ce sont essentiellement des petits créateurs indépendants qui ont recours au cuir Piñatex. Mais l’entrepreneuse espagnole affirme être d’ores et déjà en discussion avec de grands groupes de la haute couture, avec lesquels elle espère partager une vision commune. Sans savoir si les talons de demain seront tous faits d’ananas, Carmen Hijosa se réjouit déjà de voir que des solutions plus durables sont au moins envisagées.