On a classé (objectivement) les films (et la série) de Luca Guadagnino, du plus sage au plus sexy

C'est chaud là

On a classé (objectivement) les films (et la série) de Luca Guadagnino, du plus sage au plus sexy

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© Warner Bros.

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Par Flavio Sillitti

Publié le

Plutôt team "Challengers" ou "Call Me By Your Name" ?

De son énorme succès Call Me By Your Name à ses signatures moins connues, le réalisateur italien Luca Guadagnino s’est fait un nom sur la scène cinéma internationale en devenant l’un des nouveaux narrateurs du désir, de l’érotisme et des corps qui battent ensemble. Sous sa caméra, les pulsions humaines sont plus que jamais désinhibées, que ce soit à travers une pêche ou une raquette de tennis. À l’occasion de la sortie de Challengers, porté par Zendaya, Mike Faist et Josh O’Connor, on a retracé sa filmographie à travers le prisme du libidineux et du charnel.

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#9. The Protagonists (1999)

Loin du charnel et de la passion qu’on retrouve dans le reste de sa filmographie, le tout premier film de Luca Guadagnino, entre faux documentaire et true crime, reste un ovni intéressant dans lequel se plonger, sans forcément vous assurer que vous allez tout comprendre. Il n’y a rien de vraiment sexy dans ce film, si ce n’est l’aura naturelle de Tilda Swinton, au sommet de son art — comme toujours.

#8. Melissa P. (2005)

Dans les faits, le film est “sexy”, dans le sens où il raconte l’éveil sexuel plutôt frontal d’une jeune femme et que certaines scènes font grimper la température. Mais peu de choses sont à garder dans ce long-métrage qu’on a du mal à attribuer au réalisateur, tant le scénario est insipide, et tant les différents plans semblent marqués par une esthétique soap opera qui ne fonctionne pas du tout, loin de la poésie à grains du reste de sa filmographie. À oublier.

#7. Bones and All (2022)

Ça reste une très belle position au classement pour un film qui nous confronte à deux amants qui s’entre-bouffent. On note le duo formé par Timothée Chalamet et Taylor Russell, mais aussi l’incroyable photographie qui sauvent un peu les meubles d’un film qui souffre de sa superficialité et de sa narration trop peu subtile.

#6. We Are Who We Are (2020)

Plutôt porté par un caractère touchant et poétique que foncièrement sexuel, le détour de Luca Guadagnino dans le format sériel est une franche réussite qui explore les thèmes de la transidentité et des vécus queers, avec un casting cinq étoiles (Chloë Sevigny, Kid Cudi et le merveilleux Jack Dylan Grazer) merveilleusement filmé dans un décor atypique en plein cœur d’une Italie qu’on ne connaît pas assez. En bonus, il y a une bande originale sublime signée Devonté Hynes (Blood Orange) qui suffit à infuser toute la sensualité dont on a besoin pour raconter ce genre d’histoires.

#5. Amore (2009)

Épitome du désir sensuel à l’italienne, avec toute la classe et le raffinement que ça convoque, le premier film de la trilogie de Guadagnino sur le désir (complétée de Suspiria et Call My By Your Name) démontre la finesse avec laquelle le réalisateur dépeint les amours queers et intergénérationnels. Sur cette seconde collaboration entre Guadagnino et Tilda Swinton, on retrouve l’actrice dans une scène moins anodine qu’il n’y paraît, dans laquelle elle savoure une assiette de crevettes comme on savoure une intense session de coït. Magique.

#4. Suspiria (2018)

Si seulement la construction du film n’était pas si confuse, on aurait peut-être pu applaudir à chaudes mains cette réadaptation du film de Dario Argento, qui prouve que Guadagnino maîtrise tout de même l’art du remake (contrairement à ce que la tiède tentative d’A Bigger Splash peut laisser penser). Les corps de Dakota Johnson et de la troupe de danseuses qu’elle intègre sont de véritables œuvres d’art et l’esprit gore du film est délicieusement contrebalancé par un voile subversif et hautement sexy. Et puis, Thom Yorke sur la bande originale, ça fait forcément palpiter.

#3. A Bigger Splash (2015)

Contrairement à Suspiria, A Bigger Splash est ce qu’on appelle un remake raté. Sans forcément être un mauvais film, le long (très long)-métrage souffre de la comparaison avec La Piscine, le film d’origine de Jacques Deray sorti en 1969. Malgré ça, rassembler Tilda Swinton, Dakota Johnson, Ralph Fiennes et Matthias Schoenaerts sous le soleil d’Italie, dans une villa où le vice et le sexe font loi, ça fait forcément monter la température. Le quatuor, dont l’alchimie ne fait aucun doute, méritait peut-être un autre film, mais on se console en les voyant vibrer en harmonie à l’écran.

#2. Call Me By Your Name (2016)

Bon, le film a vieilli comme il le pouvait depuis les accusations à l’encontre d’Armie Hammer, mais l’alchimie et la tension électrique entre les personnages d’Elio et Oliver restent deux des bijoux les mieux polis du cinéma queer de ces dernières années, qui risquent de continuer à marquer l’imaginaire collectif et rappeler à tous les aficionados du film (et il y en a beaucoup) les nombreuses scènes d’érotisme de Call My By Your Name, avec notamment cette pulsion disruptive et étrangement captivante autour d’un pauvre fruit qui n’avait rien demandé et qui continue de nous tourner dans la tête.

#1. Challengers (2024)

Il n’y a aucune scène de sexe à proprement parler, mais une intensité folle et un coït métaphorique qui se déroule sur le terrain de tennis, au rythme frénétique des coups de raquettes, des jeux de balles et des cris gutturaux entre les frappes. Quand on parle de triangle amoureux, c’est ça qu’on veut : une relation électrique qui convoque les désirs et les pulsions de toutes les parties engagées, pour un plaisir scénaristique qui dépasse l’entendement. C’est torride sans être dans la surenchère et ça nous fait transpirer sur nos sièges de cinéma comme aucun 50 nuances de Grey n’a pu le faire.